Sortie le 15 septembre 2023 –
Retrouver des traces de vie d’une femme qui avait 16 ans en 1944, cela semble être une tâche réalisable en 1995. Que la jeune fille fût juive, parisienne, enfant cachée en Franche-Comté, complique indubitablement la recherche. Facteurs encore de complexité : on était à deux pas du territoire suisse et la disparition survint au moment de la Libération alors que règlements de comptes et représailles avaient presque libre cours.
Victor Aubois dont la qualité d’enquêteur privé est sollicitée, va s’empêtrer dans les méandres de la reconstitution du passé bouleversant de cette enfant devenue adulte, survivante malgré le déni de son histoire personnelle – ou grâce à lui. Un journal intime motivera et guidera l’enquêteur, la vénalité de quelques magouilleurs embrouillera les pistes. Des secrets, pactes amoureux inhiberont des justes. Un assassinat inattendu apportera des éclaircissements indispensables.
La recherche aura un aboutissement, soutenue par des enquêtes parallèles nombreuses. Mais peut-on parler de succès face aux six millions de victimes avec, parmi elles, les parents et les frères et sœurs de Ziva, l’enfant cachée et retrouvée ?
Sortie le 15 septembre 2023 –
Une jeune stagiaire de l’enseignement public est morte assassinée… L’enquête policière stagne, l’assassin n’a, semble-t-il, commis aucune erreur.
Une taupe est discrètement missionnée dans l’établissement scolaire où l’acte criminel a été perpétré. C’est Victor Aubois.
Le privé va découvrir la saveur et les hypocrisies d’une salle des maîtres ; le quotidien, la sueur et les joies annexes de l’enseignement. Il va scruter aussi le passé complexe et déroutant de la victime.
Titulaire dans le collège, le tueur ? Et si c’était un prof voire un étudiant de la HEP, la (dite) haute école pédagogique que fréquentait la morte ? Et pourquoi pas un externe, venu dans l’établissement pour tuer ? Une femme ? L’enseignement est majoritairement féminisé…
Aubois est contraint de s’immiscer dans cet univers scolaire où, sans surprise, il observe que quelques sournois, névrosés et pervers côtoient les pédagogues investis et motivés ; que militants et syndicalistes voisinent les aseptisés du système, qu’ils soient, ces derniers, proches des réacs ou tout près des petits pots de caviar, sur la gauche.
De quelle catégorie relève la personne coupable ? Cliché mais réalité objectivée : les apparences peuvent être trompeuses.
Pages 275-277
La blonde folle était dans le trolley le mardi et le jeudi. Ce devait être les jours où elle travaillait en ville. Elle était blonde certes, cependant pas folle mais exubérante et grande. Jean la reconnaissait, pas tellement en raison de sa taille, mais parce qu’un jour il était entré chez elle. Avec un camarade nommé Jean-Frédéric, surnommé Frédy, un grand, il récoltait des lots en faveur de la tombola d’une kermesse scoute. Le porte à porte quémandeur les conduisit à sonner à toutes les entrées d’un pâté de maisons du quartier auquel ils étaient affectés, lequel avait été soigneusement délimité par les responsables de la troupe. Elle était l’habitante d’un appartement sollicité par les « démarcheurs » en uniforme d’éclaireur, les avait fait entrer. Elle était en peignoir. Elle avait des choses à leur montrer, leur dit-elle, mystérieuse, mais rien à donner pour la tombola ; « Les scouts, j’ai jamais aimé ». Ils entrèrent dans une petite pièce, tout à la fois inquiets, troublés et excités. Furent-ils déçus de ce qu’elle exhiba ? Pas du tout mais pour le moins surpris. Il y avait un drôle d’appareil, une masse noire, comme un gros ballon, à mi-hauteur de la chambre et fixée par deux câbles verticaux rejoignant des crochets, l’un au sol, l’autre au plafond. Un punching-ball, décrivit-elle et ils purent mettre des gants de boxe qu’elle leur présenta et dans lesquels leurs petites mains nageaient. Vous pouvez taper, ordonna-t-elle et ils s’exécutèrent. Frédy s’enthousiasmait, « de dieu, ça fait même pas mal aux mains » ; le punching-ball tabassé bougeait comme un ressort contorsionné. Elle leur montra encore une grande affiche de couleur. Il était écrit, à l’encre bleue, en surimpression d’un dessin qui montrait deux boxeurs musclés et occupait toute la surface : « Meeting international franco-suisse, Pavillon des sports, Montbéliard, poids plume, P’tit Bébert contre Magic Fernand, samedi 17 septembre, 20 heures 30 ».
« P’tit Bébert c’est mon mari », annonça-t-elle avec le ton réservé aux secrets qu’on transmet à des initiés. « S’il gagne, il sera finaliste de… » De quoi ? Jean ne l’a pas retenu. Mais la blonde folle vit dans ses yeux et dans ceux de Frédy, une admiration authentique et sans borne pour la femme de P’tit Bébert qu’elle était. C’est ces regards qu’elle espérait en les faisant entrer chez elle. Ils partirent avec une plaque de chocolat et une recommandation catégorique : « C’est pour vous, pas pour les scouts ». La grande blonde atténua la rigueur de ton du conseil par une petite tape aimable derrière la tête de chacun des deux, pressés d’aller raconter aux copains leur rencontre avec « une vedette franco-suisse internationale ».
Confidences insolites, enquêtes brèves, énigmes improbables, épilogues inattendus, destins saugrenus … le privé Victor Aubois tantôt se délecte et s’étonne, tantôt se dérobe et se désole des surprises de son quotidien. Hommes et femmes, cabossés ou lisses, profiteurs ou victimes, délaissés ou nantis, témoins ou actifs protagonistes, les interlocuteurs de l’épicier détective révèlent les drames, les compromissions, les incongruités et les élégances qui font la saveur douce ou amère des nuits et des jours.
Nbre de pages : 288
Date de parution : 21/11/21
EAN : 9782881944154
Prix : 19.00 CHF
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Pages 168-169 :
Nous sommes le mercredi 23 novembre 1994, entre artères citadines, champs et sapins. Après un repas parfait à la Ferme des Brandt où le chef et son équipe sont capables, avec brio, de faire de la gastronomie en apprêtant de simples abats, nous partons comme prévu, direction Le Valanvron et sa typicité jurassienne ; de Xéranville passager, moi au volant de ma toujours roulante Citroën DS. Le paysage agreste du lieu est engageant. Les clôtures aux fils barbelés ou électrifiés n’ont pas colonisé tout le secteur. Il reste de belles portions de murs en pierres sèches qui séparent paisiblement les parcelles. Pas de bovi-stop (pas encore ?), à tel point qu’on se réjouit de prendre du temps pour ouvrir et fermer les nombreux clédars branlants pourtant debout, à la fermeture ingénieuse faite de deux « strubs » et d’une chaînette. Pastoral, le paysage ; est-ce un cadre adéquat pour pousser un supposé assassin, pasteur en l’occurrence, dans ses derniers retranchements ? C’est en effet bien ce que je m’apprête à faire.
L’alcool peut rendre optimiste. Optimiste, je le suis malgré une consommation modérée ; Arnaud l’est après une absorption soutenue. Je n’ai pas bu le tiers de la désirée de Johannisberg ni de la délectable bouteille de Mercurey choisies sur une carte appétante ; mon vis-à-vis en a donc sifflé la grosse part. Pour le rouge, il aurait préféré un Chambolle-Musigny qu’il a regretté de ne pas trouver à la carte, mais s’est consolé avec le double Armagnac qu’il s’est accordé avec le café. Après avoir rentabilisé la généreuse commande millésimée aux belles étiquettes, il prouve qu’il est bien de ceux dont l’élévation des grammes d’alcool dans le sang accentue la sociabilité. En d’autres mots, il est jovial parce que légèrement bourré lorsque nous quittons Les Brandt et c’est tant mieux !
Victor Aubois est intrigué par une nouvelle littéraire qui décrit à l’avance un crime qui sera, semble-t-il, effectivement commis.
Pour confondre les assassins présumés, il doit se plonger dans deux milieux que tout ou presque oppose : le golf et l’aumônerie de rue d’une ville de Suisse romande.
Où trouvera-t-il les coupables : parmi des adeptes nantis de la petite balle blanche ou chez les gens de la rue, laissés-pour-compte et oubliés de l’opulence ? Un bon sens populaire suggère et souhaite que ce soit parmi les premiers. Mais est-ce si simple ?
Nbre de pages : 192
Date de parution : 10/10/2019
EAN : 9782881943881
Prix : 15.00 CHF
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– aux Editions Mon Village
Victor Aubois propose ses services à une ancienne compagne amoureuse, Raphaëlla, dont le mari est mort dans des circonstances troubles. Qui manipule qui et dans quel but ? Quel rôle jouent des compères, acolytes friqués, sexagénaires épicuriens et désœuvrés ? Mécènes généreux ou salopards jouisseurs voire tueurs ; tout à la fois ?
Aubois – pourvu d’un indicateur occasionnel surprenant : un pasteur ! – délaisse son travail d’épicier pour rechercher un assassin. Mais existe-t-il celui-ci ? Alors qu’il espère toucher au but, parcourant une bonne partie de la Suisse romande, une révélation déroutante contraint l’enquêteur à réviser toute sa stratégie, à envisager l’abandon de l’enquête. Il repartira, aboutira, à la fois un peu plus cassé qu’auparavant mais remotivé aussi par un événement inattendu qui va bouleverser sa vie.
Nbre de pages : 192
Date de parution : 10/10/2019
EAN : 9782881943874
Prix : 15.00 CHF
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Pages 158-159 :
La maison est dans un état désastreux. Elle doit avoir trois appartements puisque trois boîtes aux lettres rouillées sont branlantes, mal fixées sur des piquets de bois qui ne passeront pas l’hiver. Sur l’une, la plus grande, la mieux conservée, un prénom masculin et un patronyme de la région. Sur la deuxième un prénom, Maria, suivi d’un nom hispanophone. La troisième n’a plus d’étiquette ; de plus une toile isolante large et beige, posée de coin, empêche l’ouverture de son clapet. Dans ce qui ailleurs s’appellerait un jardin d’agrément, les dépouilles de ce qui fut des géraniums ou des hortensias sont désespérément sèches, au cœur de trois gros pneus de tracteurs, posés horizontalement et remplis de terre. Good Year annonce en grandes caractères le flanc de chaque gigantesque gomme, avec, de plus, beaucoup de lettres et de chiffres… les codes des pneumatiques que seuls les garagistes savent interpréter dans leur intégralité. Un homme, sûrement le propriétaire des pneus jardinés et des façades délabrées, répond à une demande de Pollo « Vous connaissiez Sandrine ? » La voix est rustre, le physique costaud, l’apparence mal soignée. Il a l’avant-bras droit dans le plâtre d’où dépasse un fragment de tatouage, le visage d’une femme aux cheveux jaunes et qui approche de ses lèvres épaisses entrouvertes, ce qui semble être un ambigu fruit oblong.
– Ouais, elle habitait là, la Randol, j’ai pas r’loué son cagibi depuis.
– On peut discuter ?
La question est lancée par Pollo qui exhibe un billet de cinquante francs.
– A c’ tarif, oui.
Le vénal se saisit du papier vert. Il fouette l’alcool, fait signe à Pollo d’entrer. Odeur de renfermé et de linge sale, de fritures à la mauvaise graisse ; la vaisselle crasseuse de trois jours dans le lavabo.
Victor Aubois est sollicité par une mère inquiète dont le fils a découvert, sur un vieil enregistrement, l’annonce d’un crime. S’agit-il d’un leurre, d’une fiction ? C’est un logiciel qui aidera l’épicier détective – pourtant guère adepte des technologies nouvelles – à démasquer ce que dissimule cet apparent aveu d’assassinat sur bande magnétique.
Simultanément, l’enquêteur est amené à s’intéresser à un cadavre jamais identifié, retrouvé en 1947 sur les rails d’un funiculaire. Plusieurs protagonistes de cette affaire classée vivent encore. Ils sont vraisemblablement mêlés à l’intrigue mais ne sont guère coopérants. Aubois devra forcer sa nature conciliante, user de ruses douteuses pour mettre à jour un incroyable enchaînement de faits tantôt subis, tantôt planifiés.
Cinquante ans après le forfait, les mobiles reconstitués révèlent une troublante actualité qui oblige le détective à une plongée dans de cruels épisodes historiques.
Nbre de pages : 192
Date de parution : 21/04/2017
ISBN : 9782881943423
Prix : 15.00 CHF
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– aux Editions Mon Village
Pages 147-149 :
Petite terrasse ombragée de la buvette de la plage du Boudry. (…)
Devant les yeux, le lac paisible, jaune et vert un peu, gris et bleu surtout. Sous les yeux un article d’un hebdomadaire de fin de semaine, de la catégorie de ceux qui vendent des rêves et qui a été oublié par le précédent consommateur de la table où je fainéantise. Je le parcours, distraitement d’abord. On racole et radote mode, consommation, spiritualité (de toute obédience à l’exception du christianisme ringard et pas vendeur, pense-t-on), psychologie, bien-être. Et sexualité bien sûr : « Booster votre libido» ; « L’amour sans âge, et sans frontière», « Redémarrer et enjoliver un désir défaillant». (…). Je m’attarde avec une attention plus soutenue sur deux pages qui font des liens entre la valise à roulettes et le saut dorsal. Il a fallu attendre 1972 pour qu’un fabricant (Dempsey) ajoute, à la base du parfois lourd parallélépipède qui a esquinté des générations de disques intervertébraux, un petit accessoire tout simple, double et pivotant autour d’un axe, …deux roues complétées sur la face opposée par un manche amovible plutôt qu’une poignée. Quant au Fosbury-flop, ce rouleau dorsal qui a révolutionné le saut en hauteur, supplanté toutes les autres techniques après avoir fait sourire les adeptes du rouleau ventral, c’est en 1968 qu’il a triomphé dans une première compétition olympique. J’avais pour ma part davantage retenu, des jeux de Mexico, l’extraordinaire performance gantée de noir sur un podium, de Tommie Smith et John Carlos, soutenus par Peter Norman. Mais l’analogie mise en évidence par le journaliste et ses réflexions perspicaces – bien que formulées dans une revue futile – étaient parlantes pour moi. De quoi me remotiver peut-être ! Comme ce fut le cas dans leur domaine respectif, pour Dempsey, Fosbury et d’autres, ce qui devait orienter dorénavant mes investigations dans cette foutue enquête, c’était la rupture avec une logique linéaire et conservatrice. (…).
Chercher la femme … Le meurtrier est le plus souvent quelqu’un de l’entourage de la victime … A qui profite le crime ? … L’assassin revient toujours sur les lieux de son forfait ; j’avais à oublier ces passe-partout commodes (…).